La rédaction d'Immoweek a consacrer un article pour revenir sur les évènements du 20 Septembre 2018, le colloque abordant le thème " Et si l'immobilier devenait mobile ?" dans les trois grand domaines : Commerce - Bureau - Habitation :
"Jeudi 20 septembre, à Nantes, s’est tenu un colloque exceptionnel à l’occasion des 150 ans d’existence de la RICS. Une manifestation qui a rassemblé plus de 1 000 participants et intervenants de premier plan. Ont été abordés des thèmes qui concernent l’ensemble du spectre immobilier – commerce, bureau et logement – avec une question centrale : et si l’immobilier devenait mobile ? Retour sur cet évènement avec Philippe Pelletier, président de la RICS en France et président du Plan Bâtiment Durable ; Patrick Dugué, FRICS, responsable du Groupe Pays de Loire de la RICS et à la tête d’une entreprise éponyme spécialisée dans les transactions de commerce en France ; Stéphanie Laporte-Leconte, directrice de l’ICH Nantes, organisme qui fête ses 30 ans et qui a choisi de s’associer à cet évènement…
Vous êtes particulièrement concerné par les modifications profondes du monde de l’immobilier et vous en êtes aussi un acteur essentiel. Quelles sont pour vous les priorités pour répondre à un besoin de construire davantage et autrement, tout en satisfaisant les légitimes préoccupations environnementales ?
Philippe Pelletier : cette manifestation nantaise qui, avec près de 1 000 participants, a largement dépassé le cadre local, justifiait que la RICS, dont Patrick Dugue est l’animateur très actif pour cette région Ouest, apporte son concours, d’autant que les sujets traités par douze intervenants spécialistes des trois grandes familles de l’immobilier correspondent parfaitement aux grands enjeux de demain qui sont les priorités de la RICS dans le monde. Forte de ses 150 ans d’expérience internationale, la RICS en France souhaite, plus que jamais, faire entendre sa voix et celle de ses 1 400 membres qui, par leurs travaux dans les 18 groupes professionnels que nous avons constitués, est une formidable force de proposition pour l’avenir de nos métiers.
Nous avons pu, au cours de ces débats, envisager les différents scénarios de l’évolution du commerce, qu’il soit de proximité, de périphérie ou numérique. Cela a été, pour la Commission Commerce de la RICS, l’occasion de présenter pour la première fois un dossier original sur la conception idéale du pied d’immeuble commercial.
Lors des échanges sur le bureau de demain, nous avons bien senti à quel point les nouvelles manières de travailler, et la demande des jeunes en particulier, allaient modifier profondément la conception des immeubles de bureaux et leur localisation.
Le secteur résidentiel, qui avait la réputation d’être peu innovant, a entrepris des réflexions de fond quant aux demandes nouvelles des Français, rejoignant en cela les mutations observées pour le commerce et le bureau – services à la personne, espaces partagés, mixité des usages… -, avec une demande forte concernant la réduction des temps de transport.
Brice Lalonde, qui nous a fait l’amitié d’être le grand témoin de ce débat, a rappelé avec force l’enjeu de la réduction impérative des émissions de carbone et de gaz à effet de serre, qui sont une priorité à tous les stades du bâtiment pour sa construction, son usage ou sa destruction.
Construire plus et mieux pour réguler le marché et contenir les prix, mais surtout pour permettre aux Français de se loger dans de meilleures conditions, c’est un objectif atteignable par la volonté de tous, d’autant que, dans le même temps, la rénovation des logements, en particulier dans le domaine énergétique, est sur les rails.
Pourquoi cette manifestation et quels sont les principaux enseignements du succès rencontré par cette journée ?
Patrick Dugué : nous fêtons cette année les 150 ans de la RICS et les 30 ans de l’ICH de Nantes. Nous voulions marquer ces deux anniversaires en organisant un colloque sur un sujet qui préoccupe les principaux secteurs de l’immobilier, à savoir : « comment allons-nous consommer l’immobilier demain ? ». A l’ère de la société 4.0, ce nouvel écosystème qui mélange le cross canal, le commerce via les réseaux sociaux et le commerce collaboratif, bouleverse le commerce physique qui subit de profondes mutations. Le bureau n’est pas en reste, avec le coworking, la mixité des usages et des espaces… Et l’habitation doit apporter plus de services, plus d’écologie, simplifier la vie à ses occupants… Ces nouveaux besoins sont autant de changements attendus pour une meilleure vie en collectivité. Le principal enseignement du succès de cette journée est d’avoir su et pu regrouper ces trois activités que sont le commerce, le bureau et l’habitation. Car demain, nous consommerons ces trois activités ensemble et non plus séparément.
Comment se situe l’ICH face à cette volonté de modernisation et d’adaptation de l’immobilier ?
Stéphanie Laporte-Leconte : l’ICH – institut du Conservatoire National des Arts et Métiers (Cnam) – a vocation à former ceux qui souhaitent intégrer les métiers de l’immobilier et les professionnels de l’immobilier désireux de conforter leurs compétences. Il est donc nécessaire, pour nous, d’adapter nos formations aux mutations actuelles de ces métiers . Le syndic d’aujourd’hui doit être à la fois juriste, technicien, médiateur et comptable ; demain, il devra être capable d’animer une communauté et de garantir le bon fonctionnement de l’immeuble connecté. Le responsable programme devra maîtriser le BIM, les montages contractuels « public-privé », être capable de proposer un programme immobilier réversible et de mobiliser du crowfunding pour le financer. L’agent immobilier ne devra pas seulement accompagner ses clients dans une visite virtuelle, il devra leur expliquer la technologie blockchain, être en mesure de les conseiller sur les modes de financement alternatifs et les différentes formes d’appropriation du bien. Il s’agit donc, pour nous, de former nos auditeurs à l’adaptabilité permanente et de les rendre acteurs de ces mutations. Nous voulons les préparer à prendre ce virage numérique et à en saisir toutes les opportunités. Je suis convaincue que c’est une chance pour les professionnels de l’immobilier qui devront sans cesse faire preuve d’inventivité, ce qui attirera davantage de jeunes dans ce secteur. Pour les accompagner, notre rôle est de faire évoluer le contenu de nos formations et d’offrir des conférences de grande qualité sur des sujets prospectifs, comme celles qui ont été proposées dans le Théâtre Graslin, le 20 septembre dernier.
Quelles sont les perspectives de l’ICH Ouest ?
Stéphanie Laporte-Leconte : l’ICH Ouest fête cette année ses 30 ans. Nous proposions traditionnellement notre diplôme en cours du soir afin de permettre à nos auditeurs de concilier vie professionnelle, vie personnelle et formation. Nous proposons aussi, depuis plus de dix ans déjà, une formation à distance et nous nous sommes ouverts aux contrats de professionnalisation. Nous évoluons, à notre tour, avec les besoins de nos auditeurs. La digitalisation transforme, en effet, nos modes de formation pour répondre à l’évolution des attentes de nos publics. Notre défi est de répondre à ces nouveaux usages par des modalités et des méthodes pédagogiques plus innovantes, avec des cours en présentiel, un enseignement à distance ou une formule mêlant présentiel et supports numériques. Il s’agit non seulement de faire évoluer les contenus de nos enseignements afin qu’ils répondent aux mutations des métiers de l’immobilier, mais aussi de nous adapter aux nouveaux usages de la formation. L’ICH Ouest s’appuie pour cela sur le pôle TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’éducation), et le « living lab » du CNAM des Pays de la Loire. Notre objectif est d’anticiper l’évolution des besoins en formation, associée aux mutations technologiques numériques. Là encore, le numérique est un outil d’innovation pédagogique, mais il ne suffit pas à répondre aux nouvelles exigences de nos publics, il faut savoir innover dans nos façons d’enseigner."
25 Septembre 2018